Je
ressens de nouveau l'envie d'écrire. C'est bien! Pour ma dernière publication (ici),
je m'étais consciemment retenu de commenter les photos. Je voulais raconter une
histoire non dirigée par la langue. Pour moi, ce récit photographique témoigne
d'un amour que je n'aurais pas pu montrer par l'entremise d'un court texte. Ne
dit-on pas qu'une image vaut mille mots?
Las Meninas, Vélasquez (1656), Musée Prado à Madrid |
Je
reviens d'un voyage au cours duquel j'ai visité plusieurs cités. Des
cités non pas virtuelles mais bien enracinées dans une terre européenne. J'ai
baigné dans l'urbanisme, l'histoire, l'architecture et l'art de ces villes.
J'ai marché à travers leurs foules, goûté leurs cuisines. J'ai senti dans mon
corps une réalité à laquelle correspond l'adjectif «humain», reconnaissable de
pays en pays et de siècle en siècle.
Pendant
mes pérégrinations, j'ai joué avec l'idée de narration. Suivent quelques
impressions, livrées de façon automatiste. Van Gogh utilisait une peinture
mauve qui devient bleu délavé avec le temps. Il rêvait d'une communauté
d'artistes et vécut, brièvement, avec Gauguin. Les peintres flamands ont innové
dans la représentation de la réalité. Picasso a réussi à rejoindre Vélasquez
malgré les 300 ans qui les séparent, grâce à leurs Ménines respectives : Las
Meninas de 1656 et Las Meninas de 1957 (dans ce
catalogue). Gaudi
a joué avec la matière de façon poétique et grandiose. Le collectif Hackney
Flashers (1974-1980) s'est servi de collages alliant photographies, textes et
illustrations pour explorer l'impact de l'absence de crèches sur la vie
des femmes (ici).
L'Albanie a une coutume des «vierges sous serment» permettant aux femmes de
vivre comme des hommes (appris au Mucem de Marseille, article
à ce sujet).
Je
me suis surpris à avoir un moment d'agacement dans mon article de juin : «Bonne
Saint-Jean, Lise Payette!» J'y écris que je suis «non-lu» sur ce blogue. Ce
n'est pas dans mon habitude. En y repensant, je crois que je commence à avoir
envie d'expliquer ce que je suis en train de faire ici et que c'est cette envie
d'être compris qui s'est exprimée.
À vrai dire, je me suis engagé dans le
projet «Cité d'Athéna» sans trop savoir ce qui allait en résulter. J'avais
envie d'avoir un espace où je pourrais m'exprimer en toute liberté, sans autres
contraintes que celles inhérentes au médium. Je voulais me concentrer sur le
contenu, avec peu de travail à faire sur l'aspect visuel. Au départ, j'ai pris
le nom «Asclépios».
C'est à ce dieu de la médecine que Socrate voulu, le jour de son exécution,
qu'on sacrifie un coq. Puis, avec le temps, j'ai décidé de présenter ce blogue en
mon propre nom, par soucis de clarté. Si je me souviens bien, je présentais ce
blogue comme une expérience théâtrale, inspirée du bouddhisme tibétain, de la
philosophie de Platon et du théâtre de Jean-Pierre Ronfard. Par bouddhisme, je
voulais dire que cette expérience s'inscrivait dans la pratique du don. De là,
ma volonté d'écrire avec franchise, sans commanditaires et sans chercher à
plaire à un public précis. De Platon, je retenais l'humanité de ses personnages,
sans oublier l'intention de communiquer un amour de la sagesse. Peut-être par bravade,
j'ai annoncé certaines publications dans le canal #polQc, invitant de ce fait
une élévation de la pensée philosophique chez nos politiciens. Et, comme
Jean-Pierre Ronfard, je voulais jouer avec les formes, que ce soit le théâtre
ou d'autres médiums, pour dévoiler les rouages d'une transcendance collective.
J'aime
bien la Cité d'Athéna. Y écrire, c'est un peu comme revenir chez moi.
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