Voici ce que je compte communiquer ce soir à la conférence de madame Dominique Payette sur le statut de journaliste professionnel et l'augmentation de l'offre d'information.
Qui est journaliste?
par François Genest, citoyen,
30 mai 2012
Je comprends le pouvoir
d'attraction qu'exerce l'idée d'un statut de journaliste professionnel. Les
journalistes ont une foule de besoins qui doivent être comblés afin qu'ils puissent
remplir leur mission d'information.
Premièrement, les journalistes
doivent êtres payés adéquatement, ce qui est de plus en plus difficile dans un
contexte de fragmentation des revenus publicitaires et de forte concentration
de la propriété des médias. Ensuite, les journalistes doivent avoir un accès
facile à tous les acteurs de la société, ce qui est de moins en moins possible
avec l'hyperspécialisation du travail qui pousse les organismes, les
entreprises et les divers pouvoirs à réserver les activités de communication à
des experts en relations publiques. Enfin, les journalistes doivent être placés
à l'abri des abus de pouvoir comme les poursuites spécieuses, les attaques
personnelles et les pressions indues.
Un titre de journaliste
professionnel constituerait vraisemblablement un instrument important entre les
mains de journalistes soucieux de la qualité et de la diversité de
l'information. La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) défendait
cette idée en 2011[i],
en autant que l'attribution du titre soit faite par les journalistes eux-mêmes,
par l'intermédiaire d'un « comité du titre » représentatif du milieu
journalistique, sous l'égide de la FPJQ. Cependant, devant les « nombreuses
et importantes dissensions dans le milieu[ii]
», la FPJQ constatait « l'impossibilité juridique et politique de confier
le titre à la FPJQ ».
La crise sociale actuelle,
toute déplorable qu'elle soit, permet de jeter un éclairage nouveau sur la
question fondamentale de la définition du journalisme. Qu'est-ce qui fait qu'un
citoyen est considéré comme un journaliste? Qu'est-ce qui fait qu'un collectif
de citoyens est considéré comme une entreprise de presse? Nous assistons à
l'émergence des télévisions universitaires CUTV[iii]
et uTV[iv]
comme des joueurs importants dans la couverture des manifestations de ce
printemps. Et nous avons également le groupe OM99Media[v],
devenu une source incontournable d'information journalistique, qui produit des
cartes de presse pour ses membres. Ces citoyens sont de véritables journalistes
de terrain qui gagnent la confiance du public directement par le produit de
leur travail.
L'émergence de cette nouvelle
génération de journalistes est une excellente nouvelle pour la liberté de
presse et la diffusion d'une information de qualité. Cependant, elle ne règle pas
les problèmes auxquels le milieu journalistique dans son ensemble est confronté.
Comment payer adéquatement les journalistes? Comment les protéger des abus?
Comment contrer le cloisonnement des différentes composantes de la société?
Autant de questions dont il faudra débattre quand nous seront tous rassemblés
entre voisins par les tintamarres de casseroles. Je vous invite à organiser ou
à participer à l'assemblée populaire autonome de votre quartier pour en parler.
[i] Projet
de création d'un titre professionnel pour les journalistes, FPJQ, 17 mars
2011
[ii] La
FPJQ s'inquiète de la tournure du débat sur le titre, FPJQ, 17 novembre
2011
[iv] Universitv.tv, la webtv des étudiants de
l'université de Montréal
[v] Occupons MTL 99% Media, Images de la révolution
en cours
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