Une fois la
décision prise de se mettre en mouvement et de contribuer à changer l'ensemble
social plus large qui le contient, l'individu — l'être humain — qui a identifié
une erreur de perception commune est invariablement amené à réexaminer ses
propres perceptions pour corriger celles qui sont erronées. Que ce soit
consciemment ou non, il adopte certaines hypothèses qui lui serviront de point
de départ pour proposer une nouvelle perception commune, plus en phase avec la
réalité. Dans les mouvements sociaux, on dit couramment que pour changer le
monde, il faut se changer soi-même. Il y a là une sagesse populaire indéniable.
J'ai l'avantage
d'avoir déjà travaillé dans un cadre universitaire, ce qui m'a donné le réflexe de
vérifier ce qui a été fait antérieurement dans la littérature. Avant de
s'engager dans des efforts considérables, c'est une précaution nécessaire de
s'assurer qu'on ne reproduise pas le travail de quelqu'un d'autre. D'autant
plus que c'est l'occasion de parfaire ses connaissances et de découvrir de
nouvelles pistes de recherche.
Évidemment,
il est impensable de réunir et d'assimiler l'ensemble de l'information
disponible sur l'action sociale considérée dans toute sa généralité.
Rapidement, on se heurte aux différences de langage entre les disciplines, et
même à des perceptions qui diffèrent selon les époques et les cultures. Par
contre, cette profusion de sources crédibles n'est un problème que dans la
mesure où une personne seule n'a pas la possibilité de toutes les traiter.
C'est en réalité une grande richesse.
Par mon éducation,
je suis familier avec les cultures occidentales et je reconnais la transmission
de connaissances qui s'est effectuée depuis l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui.
Par curiosité et à un niveau débutant, j'ai étudié le bouddhisme d'une des lignées
tibétaines. Cette série de textes que vous lisez a pour but de s'inscrire dans
une tradition de critique des sciences qui remonte aux premiers philosophes
grecs. Et elle a comme particularité d'être informée par une théorie bouddhiste
des perceptions. Je suis content de ce choix pour plusieurs raisons.
Premièrement, tant les philosophies bouddhistes qu'occidentales ont été
contemplées avec intelligence pendant des millénaires, ce qui témoigne d'un
intérêt soutenu. Ensuite, par son aspect transformateur, l'action sociale est
proche du sacré et peut devenir doctrinaire lorsqu'elle s'institutionnalise. Il
ne s'agit aucunement ici d'inventer une nouvelle religion et ce serait une
erreur de le penser.
Oui certaines actions sociales peuvent être proches du sacré, comme le montre bien le film Occupy Love. Par contre, la plupart s'approche plus tôt que plus tard de la doctrine politique, laissant peu de place aux points de vue divergents ou nuancés. C'est, à mon avis, la contradiction et la difficulté principales des groupes de gauche.
RépondreSupprimerL'autre aspect que tu soulèves au sujet de l'incarnation du désir de changement collectif dans la vie personnelle me semble assez fondamental... mais trop rarement considéré sérieusement par les militants.
Les événements politiques actuels devraient nous amener à réfléchir et à agir davantage sur ces importantes questions.