Mémoire de François Genest soumis dans le cadre de la consultation :
«Pour une information au service de l'intérêt public»
(suite)
23 septembre 2011
La consultation publique
(suite)
Le statut de journaliste professionnel de métier
1. À quel type de travailleurs de l’information devrait être accordé le statut de journaliste professionnel de métier (exemples : reporter, chroniqueur, caméraman) ?
À tous ceux qui en feront la demande et qui paieront la cotisation demandée aux membres.
2. L’obtention du statut de journaliste professionnel de métier devrait-elle être conditionnelle à certaines exigences ? Si oui, lesquelles ?
Non.
3. Le statut de journaliste professionnel de métier devrait-il être assorti de privilèges pour les journalistes ainsi que pour les entreprises qui les embauchent ? Si oui, lesquels ?
Oui et non. Les journalistes de métier devraient avoir accès à des services particuliers comme le droit d'exiger un contrat standard élaboré par l'entité qui protège les conditions de travail nécessaires au bon exercice du droit du public à une information de qualité. Les entreprises qui les embauchent ne devraient recevoir aucun privilège susceptible d'être reconnu dans les cours de justice comme leur étant propre.
4. Croyez-vous qu’un statut de journaliste professionnel de métier permettra d’améliorer
la qualité de l’information ?
Non.
5. Quels seraient les avantages ou les inconvénients de reconnaître par voie
légale le statut de journaliste professionnel ou de métier?
Cette question a été traitée en détail dans mon exposé précédent ces questions.
6. Qui devrait gérer le statut de journaliste professionnel de métier? Si un organisme est
créé à cette fin, quelle devrait être sa composition ?
Le statut ne devrait pas être géré. La protection des journalistes devrait être assurée par une entité qui pourrait par exemple s'appeler : «Union des journalistes».
7. Quel devrait être le mécanisme de contrôle de l’application des normes
déontologiques ?
Ce devrait être un processus interne au milieu journalistique.
8. Des sanctions devraient-elles être prévues pour les personnes qui utilisent le
titre professionnel protégé sans en être détentrices ? Si oui, lesquelles ? Des sanctions
devraient-elles être imposées aux personnes qui détiennent le titre, mais qui
contreviennent aux exigences qui y sont rattachées ? Si oui, lesquelles ?
Non, aucune sanction ne devrait être prévue pour les personnes qui utilisent le titre protégé sans être membres de l'union des journalistes. Les membres qui contreviennent aux normes et aux règles déontologiques devraient être expulsés et dénoncées dans les médias.
9. Un mécanisme d’appel devrait-il être prévu pour les personnes qui se seraient
vu refuser le titre de journaliste professionnel de métier?
Non.
La consolidation du rôle de tribunal d'honneur du conseil de presse du Québec
1. Le CPQ remplit-il adéquatement son rôle de tribunal d’honneur en traitant les plaintes relatives à la qualité de l’information au Québec ?
Oui.
2. Quelles seraient, le cas échéant, les améliorations qui pourraient être apportées au fonctionnement du CPQ pour lui permettre de mieux remplir son rôle de tribunal d’honneur en regard de la qualité de l’information au Québec ?
L'amélioration essentielle est de lui accorder un statut le plaçant à l'abri des pressions politiques et économiques actuelles. Ce statut devrait être temporaire avec une échéance ferme et ne devrait pas être contrôlé par les autres pouvoirs. En particulier, un système d'agrément octroyé par une entité extérieure serait une forme d'ingérence politique qui mettrait en question la légitimité du CPQ et contreviendrait au droit du public à une information de qualité libre de contrôles provenant de l'extérieur de la communauté des journalistes.
3. Le CPQ remplit-il adéquatement son rôle conseil en regard de la situation et de la qualité de l’information au Québec ?
À la lecture de son rapport et suite à mon appréciation personnelle de ses services, ma réponse est : « Oui, absolument et sans aucunes réserves. »
4. Quelles seraient, le cas échéant, les améliorations qui pourraient être apportées au fonctionnement du CPQ pour lui permettre de mieux remplir son rôle conseil en matière d’information au Québec ?
La seule amélioration que puisse légitimement faire le gouvernement en ce qui a trait au fonctionnement du CPQ sans contrevenir au droit du public à une information de qualité et libre d'interférences serait de créer un Fonds pour le financement du CPQ pendant les mutations entraînées par les nouvelles technologies. La dotation du fonds devrait être faite lors de sa création et recevoir des contributions uniques et non renouvelables de la part de tous les niveaux de gouvernements, des entreprises de presse et des particuliers qui souhaiteront s'associer à cette initiative. L'objectif à atteindre est la préservation de l'indépendance du CPQ tout au long du processus inéluctable de transformation des médias dans lequel nous sommes engagés. Personne ne peut prédire comment l'information sera produite et consultée dans un avenir même rapproché. Une institution stable et indépendante comme le CPQ est une garantie de continuité et de confiance de la population envers les entreprises de presse.
5. Quelles mesures incitatives pourraient être envisagées pour convaincre toutes les entreprises médiatiques du Québec d’adhérer au CPQ ?
À l'annonce de la création d'un fonds pour le CPQ, une date limite devrait être fixée pour la dotation du fonds. L'échéance devrait être suffisamment longue pour que tous les acteurs concernés aient le temps de déterminer quel montant ils vont contribuer mais suffisamment courte pour que le fonds puisse servir au financement du CPQ dans à l'intérieur d'un délai acceptable. Les contributions devraient être un motif de fierté puisqu'elles visent à préserver un pilier de la démocratie québécoise.
6. Le mode de financement actuel du CPQ pourrait-il et devrait-il être modifié et, le cas échéant, quelles seraient les modifications souhaitables ?
Le mode de financement actuel est insuffisant pour des raisons conjoncturelles. Un fonds suffisamment doté pourrait assurer l'indépendance économique du CPQ pendant la restructuration des entités liées au domaine de l'information.
7. Le CPQ devrait-il prendre des moyens pour accroître sa visibilité et, par conséquent, son rayonnement dans l’univers de l’information au Québec ? Si oui, lesquels ?
Non. Le rôle du CPQ est incompatible avec l'idée d'autopromotion. C'est la responsabilité du gouvernement, des médias et des citoyens de faire connaître les services offerts par le CPQ.
Un projet de plateforme d'information régionale et interrégionale
1. Croyez-vous que la population québécoise des autres régions connaît bien les réalités de votre région ?
Non.
2. Quel type d’information (actualité politique, économique, sociale, culturelle, sportive, etc.) devrait être présenté sur la nouvelle plateforme ?
Aucun type d'information ne devrait être privilégié a priori. Du point de vue des citoyens, l'intérêt de la nouvelle plateforme réside dans son rôle d'agrégation.
3. Quels médias devraient prioritairement être invités à participer à la page de la plateforme dédiée à votre région ?
Il n'est pas utile de privilégier quelque type d'information que ce soit. L'espace virtuel de la plateforme ne comporte pas de limite d'espace. Ce qui est primordial, c'est d'offrir des services d'agrégation afin de protéger le droit d'accès à l'information et de permettre un accès facile et fiable à une information de qualité. Le gouvernement, les entreprises et les médias traditionnels bénéficient déjà d'un pouvoir d'agrégation et de présentation de l'information. Ce pouvoir doit être donné à tous les citoyens et la plateforme doit garantir la possibilité pour les citoyens d'évaluer eux-mêmes le mérite des activités d'agrégation et de présentation de chacun.
4. Quels sont les sujets ou les enjeux qui devraient être traités sur la page de la plateforme réservée à votre région ?
Tous les sujets et tous les enjeux.
5. Souhaiteriez-vous que des pages par thèmes ou par dossiers thématiques soient créées sur la plateforme ? Si oui, quels sont les thèmes qui devraient être traités ?
Oui. Cependant, la création de ces pages par thèmes relève des utilisateurs de la plateforme. La plateforme doit être considérée comme une infrastructure et non comme un organisme à qui nourrir de l'information.
6. Souhaiteriez-vous que des espaces blogues soient inclus sur la plateforme afin de permettre les échanges ?
Oui.
7. Cette nouvelle plateforme devrait-elle prévoir des applications pour les téléphones intelligents et les tablettes numériques ?
Je n'ai pas d'opinion à ce sujet.
8. Quel espace les réseaux sociaux doivent-ils occuper sur la plateforme ?
Aucun effort de devrait être consenti à privilégier les opérateurs de réseaux sociaux. Aucun contrat liant le gouvernement ou le public avec des opérateurs privés ne devrait être signé. Par contre, les interfaces d'application existants et à venir devraient être librement utilisés par les opérateurs et les utilisateurs de la plateforme d'information.
9. En quoi cette plateforme peut-elle venir appuyer votre travail au quotidien (formation, équipement, ressources) ?
Cette plateforme a le potentiel de fournir aux Québécois un accès libre et gratuit à une information de qualité dans tous les domaines relatifs à l'exercice de la démocratie québécoise. Mon temps de formation pourrait être réduit, moins d'équipement me serait nécessaire. Mes ressources, mon talent et mon temps pourraient être affectés aux activités les plus profitables pour l'ensemble des citoyens québécois.
Conclusion
J'appuie votre initiative et je vous félicite. Je vais suivre avec attention l'évolution de ce dossier.
En espérant que vous trouverez ce mémoire à votre entière satisfaction et qu'il vous servira dans l'élaboration de votre projet de loi,
veuillez agréez, Madame la Ministre, l'expression de mes salutations les meilleures.
François Genest, Montréal