Marche de la Terre 2013, Montréal, François Genest |
En langue Innu, Mitshetuteat signifie : «un grand nombre de personnes qui se déplacent ensemble». Tel était le nom du rassemblement de samedi dernier, organisé avec l'appui de SOS Territoire, du GRIP UQAM et d'autres organismes. Cette journée d'échanges a eu lieu dans un bâtiment de l'UQAM appelé la Chaufferie, une bonne augure, souhaitons-le, pour les relations entre les autochtones et les écologistes qui y étaient invités.
Sylphir, organisatrice d'événements artistiques et assistante aux communications pour l'occasion, a pris contact avec des aînés et a trouvé de l'hébergement pour les 12 grand-mères autochtones qui sont venues prendre la parole dans les cercles de discussions. Pour elle, l'environnement est quelque chose d'essentiel. « C'est une priorité pour l'avenir de l'humanité. Il faut en prendre conscience et être actif avec les Premières Nations, elles qui étaient là avant et qui connaissent la Nature. » Elle pense avoir des Mohawks dans sa parenté. « Au Québec, la majorité est métissée. On a une arrière-grand-mère ou un arrière-grand-père autochtone, mais c'était mal vu d'en parler. »
Le matin a commencé avec un cercle d'une soixantaine de personnes. Cette partie de
la journée était réservée aux intimes des autochtones et je me compte chanceux
d'avoir pu y assister. Chacun à tour de rôle recevait le bâton de parole, se
présentait et passait le bâton à son voisin de droite. Des gens se sont
identifiés comme autochtones de différentes nations, comme Métis, comme
Québécois, comme militants écologistes ou même simplement comme êtres humains.
Puis s'est fait sentir le besoin de rétablir l'équilibre entre le masculin et
le féminin et de donner la parole aux grand-mères qui, dans la conception
autochtone, ont le rôle de protéger la Terre-Mère. C'était émouvant d'entendre
ces femmes, avec leur force morale et leur dignité, parler de leurs
savoirs-faire ancestraux et des menaces directes à leur habitat et à leur
mode de vie.
Forêt de Colombie-Britannique, Wikimedia |
L'après-midi
était ouvert au grand public et il s'est formé de plus petits cercles d'une dizaine de personnes, chaque
cercle comprenant au moins une grand-mère. Nous avions la consigne de les
écouter avec respect et d'attendre qu'elles aient fini de s'exprimer avant de
poser des questions. Dans mon cercle, j'ai eu la chance d'entendre une
grand-mère Anishinabe traditionaliste qui ne parle ni français ni anglais. Jo
Wawatie faisait la traduction de l'innu vers le français : « Imaginez l'effet
sur mon petit frère de revenir chez lui au cœur de la forêt et de trouver sa
maison sans aucun arbre alentour, parce qu'il y avait eu une coupe à blanc pendant son absence en l'espace de deux jours.» « Quand les compagnies
forestières coupent à un endroit où les orignaux viennent habituellement se
nourrir, elles ne s'en préoccupent pas. » Ces traditionalistes ont déjà été
arrêtés et traduits en Cour. Leur présence gêne la mise en application des
ententes de développement entre les compagnies forestières et le Ministère des
ressources naturelles. En particulier, la compagnie Resolut, qui récolte dans
le parc de La Vérendrye, a obtenu une injonction permanente contre toute
personne qui gênerait le travail sur ses chantiers, une mesure qui vise
directement la famille Wawatie et les traditionalistes qui vivent, se
nourrissent et trouvent leurs médecines dans cette forêt.
La belle Lili au milieu du grand cercle de clôture. Photo Vincent-René |
Quand je suis parti, la journée se poursuivait avec un souper et la projection d'un film. Mon sentiment au sortir de cet événement, c'était que les autochtones et les non-autochtones qui luttent pour l'environnement se sont reconnus et qu'ils savent qu'ils ne sont plus seuls.
http://histoire-immobilier.webs.com/mythesunionsmixtes.htm
RépondreSupprimerPremière Partie: Mythes quant aux unions mixtes
Divers mythes et spéculations motivant des requêtes de Statut Métis au Québec
Très intéressant, Bravo !
RépondreSupprimer