J’ai
été témoin d’un coup d’éclat médiatique vendredi dernier. Afin d’attirer l’attention
des Québécois sur la coupe à blanc actuellement en cours dans la réserve
faunique de La Vérendrye, un collectif de citoyens, d’organismes communautaires
et d’autochtones appelé SOS Poigan avait annoncé que des arbres seraient coupés
à la scie mécanique sur le Mont-Royal. Les arbres coupés vendredi provenaient en
réalité d’un territoire autochtone et avaient été transportés sur le Mont-Royal
pour l’occasion.
Quel
est le sujet de cette nouvelle? J’en vois plusieurs : la gouvernance
autochtone, l’intimidation corporative, la transformation du journalisme, la solidarité des allochtones et des autochtones.
Dans
la réserve faunique de La Vérendrye vivent des familles anishinabes
(algonquines) qui se gouvernent selon leur coutume ancestrale. Ce mode de
fonctionnement repose sur une dimension spirituelle incompatible avec une vision
marchande du territoire et de la faune et de la flore qu’on y retrouve. En réalité,
les autochtones sont en lien consubtantiel (de la même substance, inséparable) avec leur territoire plutôt que d'être en lien de propriété avec lui. Comme on peut s’y attendre, les entrepreneurs et les différents paliers de
gouvernement préfèrent négocier avec des représentants élus dont les décisions
engagent toute la communauté dont ils sont issus. De ce point de vue, les Anishinabes
ne présentent pas un front uni, puisque les élections organisées pour élire des
représentants sont boycottées par une partie de la communauté. Deux visions du
monde s’affrontent et seuls les Anishinabes ont la légitimité de décider du
mode de gouvernance qui leur convient à eux, ainsi que (pourquoi pas?) à la
Terre-Mère.
Qu’est-ce
qui pousse une entreprise à couper les arbres d’une réserve faunique? Le profit
de la vente du bois, bien sûr. Lorsque des femmes Anishinabes se sont dressées sur
la route des employés de la compagnie forestière, que pouvaient faire ces
derniers? La SQ a été appelée, les femmes ont été arrêtées et puis relâchées à
la condition de ne plus gêner les opérations. La compagnie forestière a des
intérêts économiques à protéger, ce qui est parfaitement légitime de son point
de vue. Cependant, les Anishinabes ne sont pas les seuls à vouloir conserver les
arbres de la forêt de Poigan : les arbres constituent un habitat pour la faune et les Québécois veulent vraisemblablement conserver l'intégrité de cette
réserve faunique. Avant de continuer les coupes, il faudrait un véritable débat
public sur la question. Les familles concernées sont maintenant représentées
par un avocat. La compagnie forestière a demandé et obtenu une injonction pour
continuer la coupe. C’est de bonne guerre, j’imagine, mais un très mauvais
exemple pour les autres citoyens corporatifs.
L’action
d’éclat a attiré de nombreux journalistes, ce qui m’a permis d’échanger avec
plusieurs d’entre eux. J’ai deviné qu’ils pensaient avoir été attirés sous un
faux prétexte. En effet, même si des arbres ont été coupés sur le Mont-Royal,
il ne s’agissait pas d’arbres du parc du Mont-Royal. Était-ce justifié? Dans ce
cas-ci, je le pense. Les Anishinabes ont besoin d’êtres entendus. Dans la
forêt, personne n’est témoin de leur drame. Regardez l’intérêt porté aux arbres
du Mont-Royal et le désintérêt porté aux arbres d’une réserve faunique dans
laquelle vivent des femmes qui se donnent comme rôle de protéger la terre. SOS
Poigan démontre que de nombreux Québécois non-autochtones sont solidaires des familles de Poigan pour toutes sortes de raisons : par humanisme, pour
protéger l’environnement, pour s’opposer à la vision du «tout à l’économie». L’événement
a été couvert par des journalistes indépendants et a été diffusé en direct sur
Internet pour un auditoire international. Le journalisme est en évolution et la
distinction entre l’action citoyenne et l’information est peut-être moins
claire qu’elle ne l’a été jusqu'ici. Je vois ceci d’un bon œil. Petite taquinerie :
si les Anishinabes trouvent un processus de guérison qui leur donne une
gouvernance en mesure de protéger leur territoire et de négocier avec les
gouvernements, alors la communauté des journalistes pourra l’adopter pour
améliorer sa propre gouvernance.
Lorsque
les policiers arrivent à un événement comme celui de vendredi, ils cherchent
toujours à identifier des organisateurs. C’est une façon de procéder qui est
utile quand il y a une réelle organisation derrière un événement. De plus en
plus, on voit plutôt des collectifs se créer à l’occasion d’événements précis.
Ces collectifs n’ont pas de structure hiérarchique, pas de service d’ordre, pas
de porte-parole attitré. Et ça marche! L’événement de vendredi s’est bien
déroulé. Il y a eu de beaux témoignages de la part de grand-mères autochtones,
de personnalités comme Armand Vaillancourt. Il y a eu des chants et des danses.
Des gens de différentes nations se sont embrassés. Les Anishinabes ont eu la
preuve qu’ils ne sont pas seuls. Je tire de cet événement la conviction que des gens très différents sont capables de se rassembler et d'unir leurs forces pour le bien commun. On assiste peut-être à une véritable convergence des aspirations de ceux qui souhaitent que tous vivent bien.
Pour le communiqué
de presse émis par SOS Poigan à la suite de l'événement, rendez-vous au sospoigan.blogspot.ca
Le prochain événement d'intérêt en rapport avec SOS Poigan est un rendez-vous au parc Lavérendrye le 2 septembre prochain:
Le prochain événement d'intérêt en rapport avec SOS Poigan est un rendez-vous au parc Lavérendrye le 2 septembre prochain:
Appel à tous les guerrières et guerriers de l’arc-en-ciel!! Et à tout les amoureux de la Terre!
Je vous envoie ce message aujourd’hui pour attirer votre attention la situation de la coupe à blanc ayant lieu présentement dans le parc de la Vérendrye. Malgré l’objection des Algonquins, des compagnies sont sur leur terres et font des coupes sans même qu’on leur demande leur avis! C’est injuste que la loi soit si peu coopérative envers les premières nations, et ce depuis des siècles…
Nous savons déjà que ces peuples ont été plus qu’exploités et exclus, et aujourd’hui il est PLUS que temps d’agir pour que ça change!!!! Vendredi dernier, le peuple Algonquin est venu nous demander notre support en ce temps critique, ils nous ont lancé un cri du cœur, à nous et à toutes les nations pour que nous puissions trouver un moyen de les aider. Que nous puissions trouver un moyen de sortir ces compagnie de leurs terres et d’arrêter la destruction de leur forêt.
Il est temps de passer de la parole à L’ACTION, c’est pourquoi nous nous réunirons dimanche le 2 septembre prochain pour tenir un conseil de vision dans le parc de la Vérendrye. Nous allons évaluer les idées possibles pour stopper les coupes dans le parc. ATTENTION le but de l’action ici n’est pas de bloquer les machines, car nous pourrions AGGRAVER la situation! Nous voulons dabord nous réunir, montrer notre appui au peuple Algonquin et penser à un plan d’action concret qui sera intelligent et réfléchit. Nous pouvons aussi FILMER ce qui se passe sur le site et le diffuser!!!
Des idées sont déjà en route dont celle d’organiser un festival regroupant des artistes québécois au cœur de la forêt et ainsi d’attirer les gens et les médias pour constater l’ampleur des désâstres et ainsi mettre plus de pression au niveau politique sur la situation.
Personnellement je me sens interpellée par cette cause, car je partage beaucoup de valeurs avec les premières nations et je suis OUTRÉE du sort que certains « puissants de ce monde$$ » leur font subir. Et si je peux prêter main forte à ce peuple et faire une différence, alors j’y serai et je ferai de mon mieux. C’est en S’UNISSANT que nous pouvons faire une différence, en montrant que nous sommes plusieurs à ne pas être d’accord avec ces actions et que nous n’allons pas nous laisser faire. ASSEZ C’EST ASSEZ!! Redonnons LEURS DROITS à ce peuple!
Ensemble unissons-nous pour aider nos frères et sœurs à préserver leur habitat et à protéger la terre!
Je suggère que nous contactions toutes les personnes que nous connaissons, faisons circuler l’information dans notre entourage et dans nos réseaux. Regroupons-nous et faisons une différence. C’est un petit moment dans notre vie, mais qui peut rapporter beaucoup au final.
Nous avons le devoir de nous battre contre l’injustice!
Imaginez que quelqu’un entre chez vous pour briser vos biens et arracher vos arbres!!???? C’est inacceptable!!! Il faut défendre nos terres! Debout pour une justice sociale réelle! Avec notre persévérence et notre créativité nous pouvons y arriver!!
Voilà! En espérant que ce message vous éclaire sur la situation et que vous ayiez envie de participer à ce combat, qui est plus qu’un combat, mais une opportunité de se regrouper, d’apprendre ensemble et de témoigner au reste du monde le genre de Terre que nous voulons vraiment!!!!
Migwesh!
Pour avoir un bref apperçu dans les nouvelles :
http://tvanouvelles.ca/lcn/infos/regional/montreal/archives/2012/08/20120824-160132.html
ET N’OUBLIEZ PAS DE VENIR EN GRAND NOMBRE LE 2 SEPTEMBRE!
PLUS D’INFORMATIONS À VENIR SUR LE COVOITURAGE QUI SERA ORGANISÉ POUR SE RENDRE AU PARC!!!
Mise à jour du 27 août à 22:15 : Ajout du rendez-vous du 2 septembre
Préparatifs |
La bannière et le logo de SOS Poigan ont été réalisés par Nadia Myre |
Vous êtes beaux! |
Un geste purement symbolique car les autochtones respectent les arbres. |
Un superbe danseur du Lac Simon |
Grand-mères à la défense de la terre |
Armand Vaillancourt, sculpteur et aîné alloctone |
Chants de clôture |
Bonjour François,
RépondreSupprimerExcellent texte !
L'as-tu envoyé dans les journeaux (Le Devoir, La Presse, Metro, 24H, J de M, Presse-à-gauche...etc.
Sinon, ça serait vraiment bien!
Tiens-moi au courant!
Vincent Dostaler
Voici le communiqué de presse émis par SOS Poigan suite à l'audition en Cour du octobre dernier :
RépondreSupprimerhttp://sospoigan.blogspot.ca/p/communique-5-octobre-2012-press-release.html
J'ai assisté à toute la journée d'audience. C'était fort intéressant d'entendre les avocats du Procureur général du Québec, de Produits forestiers Resolut, des traditionalistes Anishinabes et du Conseil de bande. Je continue à suivre ça de près.