Après l'APAQ du Plateau Mont-Royal du 10 juin 2012 |
Reprendre
la société en main par la praxis
Pour reprendre la société en
main, il faut faire alterner réflexion et action par la praxis. C'est-à-dire
qu'il faut prendre le temps de s'informer à partir de sources fiables, prendre
les décisions les meilleures pour le bien commun, prendre le temps de mettre en
application les décisions sous forme d'actions, prendre le temps de faire un
retour sur les actions, prendre le temps de produire de nouvelles informations fiables
à partir des retours sur les actions.
Contrer
les effets de la subordination économique en rendant l'exercice démocratique
agréable
Reprendre la société en main
suppose que beaucoup de citoyens y mettent du temps. Par ses exigences en temps
de travail et de consommation de la part des citoyens, le modèle économique
actuel pose de sérieux obstacles à la reprise en main de la société. En effet,
la publicité incite les citoyens à occuper tous leurs temps libres en
s'adonnant à la consommation. La prise de décision est présentée comme un
travail spécialisé réservé aux politiciens de carrière et à la classe
économique. À première vue, il ne reste plus de temps pour l'exercice d'une
véritable démocratie dirigée par l'ensemble des citoyens.
Pour réaliser la reprise en
main de la société, une partie du temps libre des citoyens doit être consacrée
à la praxis, ce qui est un effort difficile à soutenir dans une société de
consommation. Les groupes qui réussissent le mieux sur ce point sont les
groupes de citoyens qui ont du plaisir à prendre des décisions démocratiques
ensemble et qui se côtoient dans l'action. On arrive donc à contourner la
subordination économique en faisant de la démocratie un exercice agréable que
les citoyens vont inscrire volontiers dans leur emploi du temps.
Reposer
ou reconstruire les structures décisionnelles sur la base de démocraties
directes
La démocratie représentative,
peu importe ses modalités électorales, présente plusieurs points faibles sur le
plan de la praxis : les élus ne sont pas toujours bien informés, leurs
décisions sont influencées par des considérations partisanes lorsqu'ils font
partie d'organisations politiques, ils n'ont pas nécessairement à cœur de
mettre en application ce qu'ils décident et il n'y a à peu près jamais de
retour effectué sur les actions passées. Ces différents points faibles présentent autant d'occasions d'utiliser le pouvoir institutionnel à des fins autres que
la poursuite du bien commun.
La démocratie directe repose
sur la participation des citoyens à la prise de décision. Naturellement, tous
les citoyens ne peuvent pas participer directement à toutes les décisions. Ce
sont les citoyens les plus concernés par une décision et par les actions qui
s'ensuivent qui doivent se prononcer sur un sujet. En information, par exemple,
le problème de la concentration de la presse est insoluble dans le système politique
actuel étant donné l'influence démesurée des magnats de la presse dans la formation
de l'opinion publique et donc dans l'attribution du pouvoir. Dans un système de
démocratie directe, ce seraient les journalistes qui exerceraient collectivement
le pouvoir de la presse et qui s'assureraient que les citoyens soient bien
informés sur les sujets importants pour le bien commun. Autre exemple, en santé
ce seraient les médecins qui prendraient les décisions concernant l'organisation
des soins de santé.
Les
assemblées populaires autonomes comme mémoires vivantes
Pour qu'il fonctionne sur le
long terme, un système de démocratie directe doit être ancré dans la culture.
Les citoyens sont les gardiens de la démocratie, mais, divisés par
l'individualisme, il est facile de les monter les uns contre les autres. Les
assemblées populaires autonomes apparues spontanément à la suite du Printemps
québécois constituent un début de démocratie directe ancrée dans les quartiers.
Si elles parviennent à se doter de fonctionnements favorables à la praxis,
elles dureront et il sera agréable et constructif d'y donner de son temps. Je
l'espère bien! Construisons la confiance et développons des liens dans l'action. Quand les citoyens seront unis, les partis politiques n'auront plus guère d'occasion de les tromper …