Je suis bloqué et j'ai
besoin d'aide. Je veux rédiger un article sur une manifestation qui a eu lieu
il y a dix jours. Je pense que c'est encore pertinent d'en parler mais je ne
sais pas comment présenter la nouvelle. Auriez-vous la gentillesse de lire ce
qui suit et de voir si vous pouvez m'aider à passer à la rédaction?
C'est moi avec la jambe fléchie. Photo de Sébastien Rivard. |
Je suis confronté au fait
que j'ai participé activement aux réunions qui ont servi à préparer la
manifestation, ce qui pourrait poser un problème d'éthique. En effet, on
s'attend à de l'étanchéité entre les acteurs des événements et ceux qui les
rapportent, pour assurer une certaine objectivité dans le traitement de
l'information. C'est la raison pour laquelle, par exemple, un média corporatif
ne va pas présenter comme une nouvelle un conflit de travail impliquant ses
propres employés. En rédigeant un article sur une manifestation à laquelle j'ai
participé, j'ai indéniablement un parti pris en faveur des manifestants. Est-ce
que ça enlève toute fiabilité au traitement que je peux donner à l'information?
J'ai des scrupules car j'ai une haute estime pour l'information fiable. Habituellement, je m'abstiens de couvrir d'un point de vue journalistique les
événements que j'aide à faire advenir. Dans ce cas-ci, aucun média n'a couvert
l'événement si on fait exception des organes de presse syndicaux et
communautaires concernés. J'estime donc que l'intérêt public est mieux servi si
j'écris un article que si je m'en abstiens. Je fais appel à vous pour me
conseiller sur l'angle à adopter. En
tenant compte de points de vue extérieurs à l'action, je pense être capable
d'atteindre une objectivité acceptable.
Un bon article
d'information s'en tient normalement à un seul sujet. La manifestation du 28 mai
offre plusieurs angles possibles et autant de sujets. Les faits, eux, se résument en trois phrases :
Des gens se sont rassemblés vers midi devant l'Hôtel Hilton de Québec. Des organisateurs de la manifestation ont dénoncé le Colloque Lean annuel du réseau de la santé et des services sociaux qui se tenait là. Puis les manifestants ont pris la rue et se sont rendus devant l'hôtel du Parlement où des représentants syndicaux, des membres d'organismes communautaires et des députés ont fait des discours dénonçant l'application de la méthode Toyota dans les services publics.
Mais au-delà des faits, il
y a le traitement. Voici des angles que je pourrais adopter :
Un appel à l'abandon de la méthode Toyota? Photo : Sébastien Rivard |
Je pourrais mettre de
l'avant quelques exemples de dysfonctionnements présentés dans les discours. Et
puis souligner que malgré le fait que la mobilisation se soit faite dans un contexte
d'austérité, ce n'était pas les coupures en général qui étaient dénoncées mais
une organisation du travail importée du secteur manufacturier et appliquée à
des soins et services impliquant des relations humaines.
Une nouvelle forme de mobilisation? Photo : François Genest |
Je pourrais choisir
d'attirer l'attention sur le comité organisateur de la manifestation, qui
rassemble des gens de toutes sortes : non seulement des employés du réseau
public de santé et de services sociaux mais aussi des gens du secteur
communautaire et de simples usagers. C'est un mode d'organisation intéressant,
qui permet de mettre en commun des efforts qui seraient moins efficaces
séparément.
Une étape de plus dans la privatisation? Photo originale de François Genest |
Je pourrais plutôt décider
de replacer la manifestation dans le contexte de la réingénierie de l'État qui
est à l'œuvre depuis 2003 au Québec. Je recenserais alors les restructurations
successives du réseau de la santé et des services sociaux pour indiquer comment
la méthode Toyota est utilisée pour privatiser les services publics.
Qu'en pensez-vous? Voici mon matériel concernant la manifestation:
Mes photos :
Mes photos :
Mes enregistrements des discours :