mardi 11 octobre 2016

À propos de l’ensemble


Jeux d'enfants, album à colorier (source : Bibliothèque numérique de Toulouse)
Dans notre étude de l’animal humain par le biais de son utilisation de symboles, nous avons porté une attention particulière au symbole de la séparation, qui est utilisé tôt dans l’enfance pour repérer et qualifier la position de l’individu en relation avec sa mère ou son père. À l’usage, l’enfant distingue la séparation spatiale, qui peut être temporaire, de la séparation existentielle, qui ne varie pas. La séparation est étroitement associée au symbole de la réunion puisque l’enfant qui n’est plus séparé d’un parent est alors réuni avec lui. Par extension, l’ensemble est le symbole qui permet de considérer l’individu et les parents réunis. Éventuellement, l’ensemble est appliqué à toute réunion d’êtres. En langue innu, par exemple, c’est le mot « mamu » qui signifie l’ensemble, comme dans la phrase : « Auassat mamu metueuat » qui signifie que les enfants jouent ensemble (source : dictionnaire innu aimun-mashinaikan).

Dans cet essai, nous avons déjà eu recours implicitement au symbole d’ensemble quand nous avons parlé d’indifférenciation pour expliquer comment un symbole peut servir à la place de plusieurs autres. Par exemple, le mot est un symbole en soi, bien qu’il puisse signifier indifféremment le mot parlé ou le mot écrit. On comprend par là que le symbole du mot signifie ensemble le mot parlé et le mot écrit, sans pour autant exclure de la signification le mot pensé.

Nous avons dit précédemment que la chose est un symbole spécial qui signifie n’importe quoi. Il y aurait un paradoxe sémantique à dire que la chose signifie indifféremment toute chose. Puisque nous voulons une signification sans ambiguïtés, il est nécessaire de distinguer les questions des symboles. À la question : « Quoi? » posée par un être humain, la réponse d’un être humain est par définition une chose. Ainsi la question : « L’ensemble de toutes les choses, c’est quoi? » est pour nous une question mal fondée qui ne permet pas à l’individu de trouver de repères quelle que puisse être la réponse.

Il ressort de cette exploration le fait bien connu que l’être humain synthétise de nouvelles connaissances par l’utilisation de symboles pour répondre à des questions qu’il se pose. Cette activité de synthèse est si efficace que des connaissances extrêmement précises sont transmises de génération en génération et que des questions posées par une génération peuvent obtenir des réponses satisfaisantes bien des générations plus tard.

Pour comprendre plus finement l’activité de synthèse des connaissances, il faut remarquer que l’être humain sépare cette activité en fonction des questions qui sont abordées. Pour les questions que l’enfant se pose, sa synthèse s’appuie sur les connaissances et les réponses que ses proches parents et amis lui fournissent, de même que sur les repères qu’il établit lui-même. Cette activité est symbolisée, par exemple, par l’apprentissage, l’éducation et la pédagogie.

Pour les questions que les chercheurs et les philosophes se posent, une grande partie des connaissances accumulées sur ces questions sont étudiées et révisées afin d’en améliorer les symboles. Cette activité de synthèse couvre par exemple l’élaboration de théories scientifiques, la recherche expérimentale et la philosophie.

En fait, les connaissances humaines sont si vastes que certaines questions sont abordées de manière exclusive par des lignées de chercheurs qui développent un ensemble de symboles ne servant de repères effectifs que pour leur activité spécifique. Pour se retrouver dans tout ça, les connaissances ont été séparées en champs ou en niveaux de synthèse. La biologie s’intéresse aux êtres vivants, leurs particularités, leur répartition et cetera. La sociologie s’intéresse aux groupements humains, ce qui les caractérise, comment ils se développent et cetera. La chimie s’intéresse aux molécules, à leurs réactions, à leurs propriétés matérielles et cetera.

Dans notre brève revue du symbole, nous avons constaté que la coexistence est utilisée en politique et en écologie. Nous allons développer la signification de la coexistence en tournant notre attention vers le niveau de synthèse de la chimie. Ceci aura l’avantage de réduire l’effort de distanciation nécessaire comparé à ce qui est requis en biologie et en sociologie.

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