mardi 11 octobre 2011

Le système de santé du Québec

Il y a une quarantaine d'années, à l'invitation du gouvernement fédéral  et contre l'avis des médecins spécialistes de l'époque, le gouvernement du Québec a essentiellement nationalisé son système de santé avec la promulgation de la loi sur l'assurance-maladie, complétant ce qui avait été entrepris avec l'assurance-hospitalisation. Les médecins spécialistes qui s'en souviennent ont vu leur clientèle se modifier substantiellement. Auparavant, ils soignaient peu de gens sans moyens, acceptant par charité chrétienne des contreparties insuffisantes. Suite à l'introduction de la couverture d'assurance universelle, leur clientèle défavorisée s'est accrue et ces médecins ont commencé à être payés décemment dans tous les cas de figure. Un psychiatre que je connais me soulignait que les gens qui ont le plus besoin de ses services n'auraient pas les moyens d'avoir rendez-vous avec lui sans l'existence du régime public actuel.

L'an dernier, j'ai offert à mon médecin de famille de mettre mes talents à contribution afin d'améliorer notre système de santé. Lorsque je lui ai dit que j'avais remarqué un malaise dans le domaine de la santé, elle m'a répondu du tac au tac : « Vous n'êtes pas le seul. »

Après plus d'un an de recherches, mon constat est clair : les réformes administratives des dix dernières années ont affaibli l'infrastructure publique et encouragé l'émergence d'organismes et de structures hors du contrôle du gouvernement, des entités auxquelles des pouvoirs publics importants ont été cédés. En soi, ces changements pourraient être neutres du point de vue de la population, mais la façon dont ils ont été introduits est peu prometteuse. En définitive, la critique principale que j'ai à l'encontre de ces changements, c'est que ceux qui les promeuvent et les mettent en place ne discutent pas en public de la philosophie qui les motive. Ce qui est proposé comme argumentation relève en réalité de l'intimidation et n'admet pas de réels échanges constructifs.

Quelle est la situation? Notre système de santé est maintenant découpé en deux dimensions. Alors qu'auparavant il n'y avait que des séparations verticales entre le niveau le plus bas, soit les établissements de santé, et le niveau le plus haut, soit le Ministère, il existe maintenant des séparations horizontales qui viennent quadriller le tout. Les structures les plus en évidence sont l'Institut national d'excellence en santé et services sociaux et Agrément Canada. L'Institut veille à la cueillette et à la dissémination des meilleures pratiques tandis qu'Agrément Canada s'assure que chaque instance rencontre des objectifs quantitatifs spécifiques, déterminés localement mais comparables aux échelles nationale et internationale.

La plus récente modification a été effectuée en juin dernier par le médecin et ministre Yves Bolduc, qui a déjà travaillé à Agrément Canada. Soit dit en passant, Agrément Canada va certainement beaucoup apprendre de l'expertise en gestion publique qui s'est accumulée au Québec au cours de notre expérience indépendante relativement courte — Quarante ans, dans ce contexte, c'est bien peu. — de mise en place et d'amélioration d'un système de santé universel et accessible à tous.

Ainsi, suite à loi 127, le nombre de représentants de la population au sein du conseil d'administration du CSSS qui dessert mon territoire passe de six à deux sur un total de vingt-et-un membres. En me présentant aux élections (Votez pour moi en grand nombre le 1er novembre :-)), je souhaite évaluer par moi-même le fonctionnement de mon CSSS et mesurer l'impact de l'agrément sur la santé et le bien-être de la population et des intervenants en santé et services sociaux de mon territoire.

Je profite de ce billet pour lancer une invitation. J'aimerais mieux comprendre la philosophie qui motive la création d'organismes d'agrément nationaux et internationaux. En théorie, je conçois que l'agrément peut servir à mettre en évidence les besoins locaux et augmenter l'entraide internationale en matière de santé. En pratique, je remarque que les experts du Québec ne connaissent pas les résultats des expériences d'agrément similaires qui ont été tentées en Australie. Personnellement, je trouve que notre système de santé est le plus efficient au monde, lorsqu'on fait abstraction du coût des médicaments. Dans cette optique, le cas du Québec me paraît très important et devrait être abondamment discuté. Je vous invite à m'écrire et j'accueillerai avec plaisir vos commentaires et observations sur le processus d'agrément et sur le modèle de gestion retenu par notre gouvernement.

Bonne santé à tous!

François Genest

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