mercredi 16 novembre 2011

À la presse : Indigné n'est pas un nom.

Voici mon commentaire suite à l'article de Catherine Mavrikakis dans le Devoir de ce matin (lien) :

En français, «indigné» est un adjectif.
Ce matin, j'ai honte de la presse. À l'instar des bouddhistes, je considère que la colère est un poison de l'esprit. Chaque fois qu'un journaliste, un chroniqueur ou un éditorialiste décrit des occupants du Square Victoria comme «les indignés», il contribue à la marginalisation du mouvement.
Du latin «indignatio», l'indignation est un sentiment de colère que soulève une action qui heurte la conscience morale, le sentiment de la justice. Pour Gide, l'indignation est le revers de l'amour. L'indignation fait penser à la révolte, au scandale. [Petit Robert 1991]
Pourtant, les occupants ne sont pas dominés par la colère. La presse s'est laissée berner en acceptant de focaliser son attention les paroles et gestes de ceux qui dénoncent ce qui est indigne au détriment des objets bien réels de l'indignation.
Faire décamper les occupants, il faut le dire, sert uniquement à protéger les conduites indignes qu'ils dénoncent. En les marginalisant, les grands de ce monde se donnent du temps pour réfléchir et tenter d'apporter des ajustements à un système qui ne mérite pas la confiance de la population.
Quelles sont les raisons avancées dans la presse pour réclamer la fin de l'occupation? Certains reprochent aux occupants de ne pas avoir de revendications claires. Certains leur prêtent des intentions malfaisantes. Certains pensent avoir compris les critiques des occupants et veulent qu'on leur laisse la paix.
Pour moi, les mouvements d'occupation sont les derniers lieux ou peuvent se rencontrer les gens qui veulent redonner leur dignité aux êtres humains et qui sont prêts à le déclarer à la face du monde.
François Genesthttp://atenacite.blogspot.com@FGenest

Sur la table de l'accueil à Occupons Montréal
Suite à l'expulsion des occupants de Wall Street aux petites heures de mardi matin, j'ai rédigé une lettre d'appui à Occupons Montréal (partiellement visible sur la photo) que j'ai soumise aux grands quotidiens le Devoir, le Journal de Montréal, la Presse. J'en ai laissé des copies à l'accueil du mouvement et j'en ai distribué sur le site (notamment à MC Gilles qui remplaçait une lionne sur une émission de Radio-Canada.) Je suis curieux de voir comment la presse traditionnelle va traiter cette lettre.

Aujourd'hui à 16h, je prévois participer à une réunion sur le site d'Occupons Montréal, dans le cadre d'un comité nommé Philo Politique. Ce comité a, pour l'instant, deux rencontres par semaine. La philosophie du mouvement veut que n'importe quel individu puisse venir sur place et demander la parole, en autant que les règles (très simples) de la discussion soient respectées. En ce moment, Philo Potique travaille sur une liste d'engagements que tout citoyen serait susceptible de vouloir prendre personnellement. Cette liste d'engagements, une fois adoptée en assemblée, permettra aux occupants et aux sympathisants de passer à une nouvelle étape de réflexion, faisant suite aux étapes de la constatation de l'indignité du système, du partage des sources d'informations et du partage des réflexions individuelles.

Avant de clore ce billet, je veux saluer Selig, un homme qui a donné à la bibliothèque d'Occupons Montréal trois copies du livre d'Hervé Kempf : L'oligarchie ça suffit, vive la démocratie. Je n'ai pas encore pris le temps de le lire, mais je suis infiniment reconnaissant envers les nombreux sympathisants qui viennent manifester leur appui par des gestes comme celui-là. Les occupants travaillent pour la population. Un jour, ce travail sera reconnu malgré son caractère bénévole. 

1 commentaire:

  1. On me dit qu'«indigné» est un participe passé. So what? Je veux bien qu'on dise que je suis indigné par la conduite imbécile des élus. Mais je ne suis pas un indigné.

    Ce «un» explicite ou sous-entendu détourne l'attention des lecteurs et auditeurs de la presse.

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