Voici une pièce de flash-théâtre que j'ai écrite le 7 février 2013, inspirée par mes rencontres avec le mouvement Idle No More Québec (Fini l'inertie). «Hint, hint»: je serais bien content de la voir jouer dimanche prochain (10 février, voir le communiqué après la pièce). J'en profite pour rappeler que le 14 février, c'est la marche commémorative en hommage aux femmes disparues et assassinées, à 18h, à partir du métro Saint-Laurent (lien vers missing justice).
La
femme, le loyaliste et l'indépendantiste
flash-théâtre
Le
Citoyen (l'indépendantiste) : Bonjour le Loyaliste! J'ai à te parler dans le casque.
Tu vas descendre de ton trône, puis tu vas m'écouter deux minutes, si tu sais
ce qui est bon pour toi.
Le
Loyaliste : Salut à toi, le Citoyen! Je tiens mon pouvoir de Dieu. Si je consens
à t'écouter, c'est parce que la Magna Carta a bien servi les intérêts du
Royaume jusqu'à présent.
Le
Citoyen : Ton pouvoir ne vient pas d'un dieu. Tu confonds tout, mon bonhomme.
Mais ce n'est pas de ça que je veux te parler. Je veux que tu me foutes la paix
au Québec. J'y ai un beau pays, plein de minerais, puis je veux l'exploiter moi-même
pour assurer ma prospérité.
Le
Loyaliste : Ta gueule! Tu ne sais pas de quoi tu parles. Moi, je vois plus
grand que toi et je sais que tu n'es pas capable de mener tes projets à bien.
Dans le Royaume, il y en a de bien plus riches et de bien plus savants que toi pour
exploiter la terre et en extraire ce que Nous voulons. Et ce sont ceux qui
peuvent en obtenir le meilleur prix qui doivent révéler au monde ses richesses
cachées.
Le
Citoyen : Tu te mets le doigt dans l'œil royalement. J'ai tout le savoir qu'il faut
dans mes universités et je saurais aussi bien qu'un autre parler au monde, si
tu ne le montais pas contre moi.
La
Femme : Ah! vous voilà mes deux snoros. Vous êtes bien tous pareils, vous
autres. Pendant que êtes là à vous obstiner à savoir qui va tenir les cordons
de la bourse, le pays est en train d'être saccagé par des contracteurs. Eïlle
tabarnak! Quand tu coupe la forêt, on ne trouve plus d'orignaux à chasser et
plus de plantes médicinales à cueillir. Et quand tu harnaches les rivières, on
ne peut plus pêcher!
Le
Loyaliste : Salut la Femme! Tu sais que je t'aime bien, mais ne charrie pas
trop. C'est complètement irréaliste de penser nourrir le Royaume de truites et
de caribous. Le monde est vaste et populeux. Commence donc par apprendre à
compter, avant de critiquer ceux qui savent.
Le
Citoyen : Bien oui, niaiseuse! Tu devrais plutôt m'aider à faire
l'indépendance. Quand on aura un vrai pays, tu verras que je vais bien
m'occuper de toi.
Le
Loyaliste : Toi, le Citoyen, n'essaie pas de monter la Femme contre moi. Tu
veux juste t'en servir pour te débarrasser de moi. Une fois que tu auras ton
pays, tu ne feras pas mieux. Oui, je l'admets, j'ai fait une gaffe en essayant
d'effacer sa mémoire. Je voulais lui enseigner très jeune à être un bon sujet,
pour lui prouver que de se soumettre à l'autorité de la Couronne est ce qu'il y
a de mieux pour elle. Mais elle est trop entêtée. J'ai juste réussi à la braquer
contre moi. Il va falloir que j'attende qu'elle se déchoque. Toi, la Femme, je
m'excuse humblement, mais rappelle-toi que tu vas toujours passer après les
sujets qui peuvent payer pour bien vivre.
Le
Citoyen : Hypocrite de Loyaliste! Écoute-moi, la Femme. Déjà, je t'ai donné
plein d'argent pour la Baie James. C'est pas pire, ça, hein? C'est du concret.
Imagine ce qu'on va pouvoir faire ensemble quand on sera juste tous les deux.
Fini la loi sur les Indiens. Fini la pauvreté. On sera tous des Québécois. On
va tous parler français. On va enfin prendre notre place dans la grande société
des Nations.
Le
Loyaliste : Écoute-le pas. C'est un visage à deux faces. Si tu t'allies à lui,
tu seras coupée en deux, si ce n'est pas en trois. Ne viens pas me voir après
pour te plaindre. Il n'y aura plus de traité qui tienne. En ces temps d'incertitude,
je dois penser à tous mes sujets. Tu as bénéficié d'une alliance avec la Couronne,
négociée de nation à nation pour entrer dans le Commonwealth. Quand tu
reviendras me voir, ce sera bien différent.
La
Femme : Gagne d'imbéciles! La température monte. La glace fond. Et tout ce que
vous trouvez à faire, c'est de brûler plus de gaz. Votre bourse, avez-vous
regardé dedans, dernièrement? Il y a juste des chèques. Quand les banques
seront fermées, vous allez vous sentir biens cons. Venez pas me voir après pour
vous montrer comment faire des mocassins. Puis moi, la conne, je suis sûre que
je vais me laisser attendrir, en plus.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire