Jeux d'enfants, album à colorier (source : Bibliothèque numérique de Toulouse) |
Dans notre étude de l’animal humain par le biais de son
utilisation de symboles, nous avons porté une attention particulière au symbole
de la séparation,
qui est utilisé tôt dans l’enfance pour repérer et qualifier la position de
l’individu en relation avec sa mère ou son père. À l’usage, l’enfant distingue
la séparation spatiale, qui peut être temporaire, de la séparation
existentielle, qui ne varie pas. La séparation est étroitement associée au
symbole de la réunion puisque l’enfant qui n’est plus séparé d’un parent est
alors réuni avec lui. Par extension, l’ensemble est le symbole qui permet de
considérer l’individu et les parents réunis. Éventuellement, l’ensemble est
appliqué à toute réunion d’êtres.
En langue innu, par exemple, c’est le mot « mamu » qui signifie
l’ensemble, comme dans la phrase : « Auassat mamu metueuat » qui
signifie que les enfants jouent ensemble (source : dictionnaire innu aimun-mashinaikan).
Dans cet essai, nous avons déjà eu recours implicitement
au symbole d’ensemble quand nous avons parlé d’indifférenciation pour expliquer
comment un symbole peut servir à la place de plusieurs autres. Par exemple, le
mot est un symbole en soi, bien qu’il puisse signifier indifféremment le mot
parlé ou le mot écrit. On comprend par là que le symbole du mot signifie
ensemble le mot parlé et le mot écrit, sans pour autant exclure de la
signification le mot pensé.
Nous avons dit précédemment que la chose
est un symbole spécial qui signifie n’importe quoi. Il y aurait un paradoxe
sémantique à dire que la chose signifie indifféremment toute chose. Puisque
nous voulons une signification sans ambiguïtés, il est nécessaire de distinguer
les questions des symboles. À la question : « Quoi? » posée par
un être humain, la réponse d’un être humain est par définition une chose. Ainsi
la question : « L’ensemble de toutes les choses, c’est quoi? »
est pour nous une question mal fondée qui ne permet pas à l’individu de trouver
de repères quelle que puisse être la réponse.
Il ressort de cette exploration le fait bien connu que
l’être humain synthétise de nouvelles connaissances par l’utilisation de
symboles pour répondre à des questions qu’il se pose. Cette activité de
synthèse est si efficace que des connaissances extrêmement précises sont
transmises de génération en génération et que des questions posées par une
génération peuvent obtenir des réponses satisfaisantes bien des générations
plus tard.
Pour comprendre plus finement l’activité de synthèse
des connaissances, il faut remarquer que l’être humain sépare cette activité en
fonction des questions qui sont abordées. Pour les questions que l’enfant se
pose, sa synthèse s’appuie sur les connaissances et les réponses que ses
proches parents et amis lui fournissent, de même que sur les repères qu’il
établit lui-même. Cette activité est symbolisée, par exemple, par
l’apprentissage, l’éducation et la pédagogie.
Pour les questions que les chercheurs et les
philosophes se posent, une grande partie des connaissances accumulées sur ces
questions sont étudiées et révisées afin d’en améliorer les symboles. Cette activité
de synthèse couvre par exemple l’élaboration de théories scientifiques, la
recherche expérimentale et la philosophie.
En fait, les connaissances humaines sont si vastes que
certaines questions sont abordées de manière exclusive par des lignées de
chercheurs qui développent un ensemble de symboles ne servant de repères
effectifs que pour leur activité spécifique. Pour se retrouver dans tout ça,
les connaissances ont été séparées en champs ou en niveaux de synthèse. La
biologie s’intéresse aux êtres vivants, leurs particularités, leur répartition
et cetera. La sociologie s’intéresse aux groupements humains, ce qui les
caractérise, comment ils se développent et cetera. La chimie s’intéresse aux
molécules, à leurs réactions, à leurs propriétés matérielles et cetera.
Dans notre brève revue du symbole, nous avons constaté
que la coexistence est utilisée en politique et en écologie. Nous allons
développer la signification de la coexistence en tournant notre attention vers
le niveau de synthèse de la chimie. Ceci aura l’avantage de réduire l’effort de
distanciation nécessaire comparé à ce qui est requis en biologie et en
sociologie.
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