Tableau périodique des éléments (source : wikimedia) |
Il existe des champs de recherche qui ont peu en commun avec celui de la philosophie occidentale traditionnelle. Nous choisissons la chimie, une discipline qui est classée dans les sciences naturelles et dans laquelle la signification des symboles ne varie pas entre les spécialistes. Ça nous semble un bon endroit où approfondir la signification de la coexistence.
Le symbole d’atome a été utilisé dans l’Antiquité pour signifier la matière indivisible. Avec la modernité, la chimie a classifié les plus petites unités matérielles selon leur nombre de protons. Par exemple un proton pour l’atome d’hydrogène et huit protons pour l’atome d’oxygène. Les atomes de la chimie sont donc des ensembles de protons, de neutrons et d’électrons, séparés en un intérieur nucléaire réunissant les protons et les neutrons et un extérieur nucléaire comprenant les électrons. Bien qu’il soit possible que des noyaux atomiques se fusionnent ou se divisent, ceci reste un phénomène peu symbolisé en soi (la fusion nucléaire dans le Soleil est généralement perçue comme un feu, la fission du radium comme de la radioactivité) ou alors comme une activité extrêmement spécialisée, bien au-delà de l’expérience humaine ordinaire. Ce sera la physique nucléaire qui s’intéressera aux particules subatomiques et à leurs propriétés.
Pour nous, l’être matériel individuel signifiera un atome de la chimie. L’atome est utilisé comme un invariant, qu’il perde ou qu’il gagne des électrons, qu’il soit combiné en molécule avec d’autres atomes ou non. L’être de la matière signifiera un ensemble d’atomes et les relations entre ces atomes. Étant donné qu’il existe un nombre fini d’atomes dans la voie lactée, on peut en déduire qu’il y a un nombre fini d’êtres matériels dans le même volume spatial. Bien qu’il soit possible de signifier l’être humain dans ce contexte, nous allons plutôt nous concentrer sur les relations entre les atomes d’une molécule et entre deux molécules. Étant donné l’importance des connaissances humaines dans le domaine de la chimie, il y a là suffisamment d’appui pour étayer une théorie de l’existence qui soit indépendante de la philosophie occidentale traditionnelle.
Deux atomes qui sont suffisamment proches exercent l’un sur l’autre une attirance et une répulsion mutuelle qui est déterminée par leurs nombres de protons et d’électrons respectifs. À certaines conditions qui sont précisées par la chimie mais qui ne sont pas importantes pour nous, deux atomes à une distance stable sont dit être liés. Une molécule est un ensemble d’atomes connectés de telle façon qu’ils soient tous séparés deux à deux par un lien ou par une suite de liens et qu’aucun d’entre eux ne soit lié à un atome qui n’est pas dans l’ensemble. Par exemple, une molécule d’eau est un ensemble constitué d’un atome d’oxygène et de deux atomes d’hydrogène. L’oxygène y est directement lié à chacun des atomes d’hydrogène. Les deux atomes d’hydrogène n’y sont pas liés directement mais sont connectés par le biais de l’oxygène. Dans l’atmosphère terrestre, l’oxygène se retrouve majoritairement dans des molécules gazeuses constituées de deux atomes d’oxygène liés ensemble ou de deux atomes d’oxygène liés à un atome de carbone. Dans les nuages, la pluie, les lacs, les rivières et les océans, l’hydrogène se retrouve majoritairement dans des molécules d’eau. Même si les atomes ne sont pas visibles séparément par les êtres humains, ceux-ci ont depuis toujours utilisé des symboles pour l’air et l’eau, dont on connaît aujourd’hui la composition moléculaire.
[Ce texte s’inscrit dans la continuité du projet énoncé ici et commencé dans les pages qui suivent.]
Bonjour François,
RépondreSupprimerJ'ai pris soin de lire attentivement l'amorce de ton essai ce matin.
C'est une entrée en matière très instructive qui nous permet de comprendre pourquoi notre discours sur cette question si fondamentale de la coexistence est souvent embrouillé et mal engagé, car il draine trop de présupposés qui le cantonnent à des domaines de réflexion qui sont surdéterminés. En prenant le temps de rétablir des définitions plus neutres à partir desquels nous pourrons réexaminer les enjeux sur des bases plus sereines, il y a des chances pour que ton analyse des connaissances que nous croyons posséder à ce sujet puisse révéler certains impensés et ainsi ouvrir des pistes de solution à des problèmes complexes que nous n'arrivons pas à démêler pour l'instant.
J'ai bien hâte de lire la suite !...