lundi 10 octobre 2016

À propos de l’être

Représentation du monstre de spaghetti volant,
l'être le plus important du pastafarisme
(source : spaghettimonster.com)
C’est certainement le symbole le plus intéressant parmi ceux que nous ajoutons à notre base de significations[i]. L’être est incontournable si on veut sérieusement approfondir notre compréhension de l’animal humain. L’être est si fortement présent dans les activités humaines qu’il est indispensable de faire un exercice de distanciation pour le considérer en tant que symbole, soit un objet d’expression tel un caractère romain ou un mot parlé.

À l’étape où l’enfant humain adopte le symbole en question, il connaît les individus qui s’occupent de lui, il est conscient de l’existence d’autres individus qu’il peut percevoir et même d’animaux domestiques et sauvages. Il sait utiliser le verbe être pour repérer et communiquer ses sensations immédiates et certains concepts mentaux. À l’usage, il sépare les concepts d’être humain, d’être animal, d’être végétal, d’être sacré, d’être inanimé. Comparé à la chose, un symbole utilisé d’abord et avant tout dans le maniement de la langue, l’être est utilisé pour désigner indifféremment toute chose qui est en relation avec la conscience de soi de l’individu.

Au cours de sa vie, l’individu acquiert une partie des connaissances qui sont transmises de génération en génération. Par son apparence et par certaines activités qu’il pratique de façon familière, l’individu peut devenir lui-même un repère pour ses congénères. En tant que repère, il se voit attribuer une série de symboles qui servent à le reconnaître : des noms, des adjectifs, des occupations. De cette façon, la signification de l’être s’étend à toutes sortes de qualités et d’activités humaines comme la pigmentation de la peau et les métiers. Évidemment, ce qui est repéré comme un être peut varier sensiblement d’un individu à l’autre. Par exemple, pour un spécialiste de la branche des mathématiques appelée la théorie des graphes, les graphes sont tellement familiers qu’ils sont utilisés comme des êtres : ces mathématiciens s’intéressent ainsi à l’existence ou à la non-existence de graphes ayant certaines propriétés[ii].

Considérant l’être de cette façon, nous arrivons à une signification assez nuancée pour qu’on l’emploie explicitement comme symbole. On reviendra dans la deuxième partie sur les connaissances accumulées à propos de l’être, qui sont traditionnellement transmises par le biais des sciences sociales et humaines. Pour l’instant, nous en sommes encore à solidifier notre assise théorique du point de vue biologique introduit par Norbert Elias.

Petit à petit, nous approchons d’une compréhension de la coexistence qui n’est ni une tautologie, ni une rhétorique politique. La prochaine fois, nous allons nous pencher sur une activité humaine étroitement liée à l’être : la synthèse.



[i] Voir la description du projet et ce qui est entendu par signification, chose, orientation et séparation.
[ii] J’en parle en connaissance de cause puisque je m’intéresse à la recherche sur ces questions.

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