Représentation du monstre de spaghetti volant, l'être le plus important du pastafarisme (source : spaghettimonster.com) |
C’est
certainement le symbole le plus intéressant parmi ceux que nous ajoutons à
notre base de significations[i].
L’être est incontournable si on veut sérieusement approfondir notre
compréhension de l’animal humain. L’être est si fortement présent dans les
activités humaines qu’il est indispensable de faire un exercice de
distanciation pour le considérer en tant que symbole, soit un objet d’expression
tel un caractère romain ou un mot parlé.
À
l’étape où l’enfant humain adopte le symbole en question, il connaît les
individus qui s’occupent de lui, il est conscient de l’existence d’autres
individus qu’il peut percevoir et même d’animaux domestiques et sauvages. Il
sait utiliser le verbe être pour repérer et communiquer ses sensations immédiates
et certains concepts mentaux. À l’usage, il sépare les concepts d’être humain,
d’être animal, d’être végétal, d’être sacré, d’être inanimé. Comparé à la chose,
un symbole utilisé d’abord et avant tout dans le maniement de la langue, l’être
est utilisé pour désigner indifféremment toute chose qui est en relation avec
la conscience de soi de l’individu.
Au
cours de sa vie, l’individu acquiert une partie des connaissances qui sont
transmises de génération en génération. Par son apparence et par certaines activités
qu’il pratique de façon familière, l’individu peut devenir lui-même un repère
pour ses congénères. En tant que repère, il se voit attribuer une série de
symboles qui servent à le reconnaître : des noms, des adjectifs, des
occupations. De cette façon, la signification de l’être s’étend à toutes sortes
de qualités et d’activités humaines comme la pigmentation de la peau et les
métiers. Évidemment, ce qui est repéré comme un être peut varier sensiblement d’un
individu à l’autre. Par exemple, pour un spécialiste de la branche des
mathématiques appelée la théorie des graphes, les graphes sont tellement
familiers qu’ils sont utilisés comme des êtres : ces mathématiciens s’intéressent
ainsi à l’existence ou à la non-existence de graphes ayant certaines propriétés[ii].
Considérant
l’être de cette façon, nous arrivons à une signification assez nuancée pour qu’on
l’emploie explicitement comme symbole. On reviendra dans la deuxième partie sur
les connaissances accumulées à propos de l’être, qui sont traditionnellement
transmises par le biais des sciences sociales et humaines. Pour l’instant, nous
en sommes encore à solidifier notre assise théorique du point de vue biologique
introduit par Norbert Elias.
Petit
à petit, nous approchons d’une compréhension de la coexistence qui n’est ni une
tautologie, ni une rhétorique politique. La prochaine fois, nous allons nous
pencher sur une activité humaine étroitement liée à l’être : la synthèse.
[i] Voir la description
du projet et ce qui est entendu par signification,
chose,
orientation
et séparation.
[ii] J’en parle en connaissance de cause
puisque je m’intéresse à la recherche sur ces questions.
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