Par Sailko — Travail personnel, CC BY 3.0 |
La
dernière fois,
nous avons évoqué un ensemble fini d’atomes, soit ceux qui composent la voie
lactée. La physique nous enseigne que depuis l’apparition de cette galaxie, il
s’est produit et il se produit encore l’apparition et la disparition d’atomes à
travers divers phénomènes dont les plus notables sont la fusion nucléaire dans
les étoiles, la capture au sein des singularités (les trous noirs), la
décomposition radioactive et les chocs à des vitesses atteignant ou surpassant
celles qu’on produit dans les collisionneurs. Mais exception faite de ces
phénomènes, repérés et symbolisés surtout en physique, l’être humain repère l’atome
par le nombre de protons qu’il y a dans une chose appelée nucléide, où les
protons et les neutrons sont ensemble sans jamais se séparer ni adopter de
nouveaux protons ou de nouveaux neutrons[i].
À l’échelle de la vie humaine, pour laquelle la Terre semble exister en
permanence, les atomes sont communément considérés comme les unités
indivisibles de la matière.
Notre
théorie de l’existence matérielle s’inspire des connaissances de la chimie et postule
l’existence d’un ensemble fini d’êtres élémentaires appelés les atomes. Les
êtres sont définis comme des imbrications finies d’ensembles tels que les plus
petits ne contiennent que des atomes. Par exemple, l’ensemble des molécules de
la Terre à un moment donné est un être matériel bien défini, de même que
l’ensemble des molécules de la Terre à un autre moment donné. De ce point de
vue précis bien que réducteur pour les êtres vivants, on peut considérer la
Terre comme le symbole d’un ensemble ordonné d’ensembles de molécules, depuis
la formation de l’astre jusqu’à sa disparition éventuelle, très loin dans l’avenir.
C’est une façon pour l’être humain de repérer la planète Terre indépendamment
du temps, de la composition moléculaire ou de toute position relative à
d’autres êtres. L’être matériel Terre, défini de cette façon, est en correspondance
directe avec les divers symboles qui ont été utilisés jusqu’à maintenant par
les êtres humains. C’est un symbole très intéressant pour nous puisque cet être
nous permet d’avoir un repère commun, sans égard aux circonstances particulières
des êtres humains.
Parmi
les êtres matériels terrestres, les molécules sont utilisées avec une
extraordinaire précision dans les disciplines de la chimie et de la physique. L’être
humain repère la molécule comme un ensemble d’atomes réunis par des forces et
des énergies. L’être moléculaire est compris comme moins stable que l’être
atomique et peut apparaître ou disparaître dans des réactions chimiques. Par
exemple, quand il compose du bois, un ensemble de molécules de carbone, d’oxygène,
d’hydrogène et d’azote, lorsqu’il est suffisamment chauffé, se recompose en
vapeur d’eau et en charbon, le charbon disparaissant au contact de l’oxygène de
l’air ambiant pour produire des gaz, des cendres et de la chaleur d’une manière
qui est employée depuis toujours par les êtres humains. Bien sûr, le bois est
un symbole dont la signification est beaucoup plus raffinée qu’un simple ensemble
de molécules, mais il est humainement important de connaître sa propriété de
combustible, qui est en lien direct avec la réactivité chimique de ses
molécules constituantes.
Par
l’astrophysique, nous savons que les atomes terrestres ne sont pas différents
des autres atomes de la voie lactée, exception faite bien entendu de leur
appartenance à la Terre. Ainsi, des molécules d’eau sont imaginables ailleurs
que sur la Terre, de même que des êtres matériels aussi complexes que des
protéines. Il n’est pas facile d’imaginer des êtres qui utilisent des symboles
ailleurs que sur la Terre, mais rien dans la physique actuelle ne permet de
dire que c’est impossible.
Une
molécule n’est pas permanente, nous l’avons établi. C’est une chose qui peut
apparaître ou disparaître lors d’une réaction chimique. Cependant, depuis son
apparition jusqu’à sa disparition, elle est repérée comme étant composée du
même ensemble d’atomes. La molécule ne reste pas inchangée dans sa durée car
elle peut capter ou émettre de l’énergie, ce qui correspond à des interactions
entre ses éléments : des nucléides peuvent s’approcher ou s’éloigner les
uns des autres dans des mouvements de vibration ou par des repliements
différents de la molécule sur elle-même. Ce qu’il est important de retenir de
cette connaissance physique pour la biologie, c’est que la propriété de
reproduction des êtres vivants dépend directement d’un ensemble connaissable de
protéines et des interactions chimiques et physiques entre ces molécules.
Ainsi, un être vivant à un moment donné de sa vie peut être repéré par un ensemble
donné de matières composées en un continuum de formes organiques et
moléculaires comprises les unes dans les autres jusqu’au niveau atomique.
À
sa conception, l’être humain matériel apparaît sous une forme unicellulaire par
la réunion d’un ovule et d’un spermatozoïde et il disparaît bien des années
plus tard à la cessation de ses signes vitaux. Ce qui est intéressant pour
nous, c’est ce qui se passe entre les deux. On sait qu’il y a des interactions
entre les êtres vivants qui ne sont pas repérées comme étant physico-chimiques.
L’être humain utilise de nombreux symboles pour signifier des liens de parenté,
d’appartenance à un groupe ou à un territoire. L’utilisation même de symboles
semble être la cause de l’accroissement de la surface cérébrale de l’animal
humain par rapport aux autres hominidés et de l’apparition continue de sociétés
humaines très diversifiées. En guise d’illustration, le lien entre une mère et
son enfant n’est pas une connaissance moins importante pour l’être humain que
la liaison covalente entre deux atomes d’oxygène.
Sur
la base de cette théorie matérielle, les êtres possibles dépassent l’entendement.
Même en se limitant aux êtres terrestres, les combinaisons théoriques d’atomes
en molécules et puis de molécules en êtres plus complexes sont exponentielles.
Admettant que de nouveaux liens sont repérables à des niveaux d’ensemble plus
élevés, comme le sont les liens affectifs entre êtres humains, on voit que les
possibilités d’êtres matériels sont à toutes fins pratiques sans limites.
Cette
exposition devrait nous convaincre que plutôt que de désenchanter le monde en
bridant l’imagination humaine, une théorie de l’existence matérielle peut au
contraire être pensée comme un appui fondamental à toutes les intuitions osées
par l’être humain.
[i] Bien que ce ne soit
pas nécessaire à la suite de la discussion, précisons que des atomes qui ont le
même nombre de protons peuvent avoir un nombre différent mais limité de
neutrons. Les chimistes les repèrent comme étant des isotopes différents d’un
même élément. Deux atomes d’un même élément peuvent aussi avoir un nombre
différent d’électrons répartis en orbites autour du nucléide. Les chimistes
utilisent le symbole de composé ionique pour signifier l’assemblage d’un ou de
plusieurs atomes dont le nombre total d’électrons dans le cortège électronique est
différent du nombre total de protons.
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