J'appelle le bonheur de tous. Le Refus Global doit être réaffirmé et compris par tous les Québécois. Le discours public s'est réduit comme une peau de chagrin à l'expression de slogans primaires destinés à fondre la multitude en une même intention. Nous sommes à une époque de repli identitaire, une identité unidimensionnelle qui passe par l'appartenance au groupe opposé aux autres groupes. Fédéralistes, souverainistes, religieux, laïcs, libertariens, syndicalistes, choisissez votre camp et criez le plus fort possible afin d'enterrer les autres. Je vois que vous pensez avoir le luxe d'attendre que tous vos ennemis soient soumis à votre autorité avant de recouvrer la raison. Vous êtes des bien pensants alors, mais des bien pensants incapables de raisonner.
Oui à la souveraineté du Québec, oui à l'intégrité de l'État canadien, oui aux pauvres, oui aux riches, oui à l'exploitation des sables bitumineux, oui à l'exploitation forestière, oui aux places boursières, oui à l'aide sociale, oui à la santé publique, oui à la culture, oui aux coutumes ancestrales des Premières Nations, oui au théâtre, oui à la liberté individuelle, oui à l'expression de la religion, oui à la laïcité, oui aux syndicats, oui aux patronats, oui à tous les corps, physiques, de métier, de profession, subtils, grossiers, purs et difformes. Oui.
Je refuse le «non» viscéral, égalisateur, pollueur, menteur, diabolisant, égocentrique. Le «non» n'est pas un point de départ, c'est l'avortement du possible. C'est la peur, la honte, la fin. Le «oui» est le refus de la stagnation, le «oui» est l'invitation à la beauté, à l'ivresse, à l'amour.
Je refuse qu'on sacrifie la jeune génération sur l'autel de l'emploi. Je refuse qu'on brise les rêves. Je refuse la haine, l'intransigeance, l'envie, la mort. Je refuse le consensus furieux qui écrase tout sur son passage comme une horde de bisons. Je suis seul et je suis multitude. Je suis homme, femme, enfant, sourd, artiste, autiste, poids lourd, moyen, léger. Je me bats contre les ombres et j'appelle mes frères et sœurs à sortir de la caverne afin d'être éblouis par le Soleil de la vérité. La raison est là qui sommeille, qui gémit, qui attend que vous brisiez vos chaînes pour enfin s'épanouir dans la réalité.
Je refuse d'attendre le prochain berger qui me conduira à la boucherie. Je pense. Je réfléchis. Je parle. Je dis.
François Genest
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